Au terme de tout ce qui a été dit (et vos matériaux étaient riches), je retiens :
- La littérature a une influence majeure sur le rock, en particulier la littérature du XIXè siècle : romantiques et poètes maudits. Rimbaud, Baudelaire reviennent constamment, autrement dit, les poètes de la noirceur et de la révolte (pour simplifier, puisque c'est bien ainsi que les voient les rockers). Les rockers s'inspirent des textes mais aussi de la persona des poètes (leur biographie, leur allure etc). L'influence de la poésie se lit donc à travers les textes, mais aussi la persona du chanteur : sa voix, sa façon de chanter, sa biographie, et bien sûr dans la musique, volontiers sombre et violente.
- La littérature est une valeur. Un certain nombre de ces rockers rêvaient dès le début, ou ont rêvé/tenté plus tard dans leur carrière. La poésie est de moins en moins lue (les poètes actuels ne vivent pas de leur oeuvre et peinent à publier), mais elle a touché le grand public à travers le rock, même si ce grand public ne prête pas toujours attention aux paroles. Les rockers se plaignent souvent que leur morceau soit incompris. En tous cas ils ont hérité des poètes maudits : ils font scandale, comme Baudelaire a pu faire scandale avec les Fleurs du Mal.
- Les drogues : elles sont omniprésentes. Là aussi l'une des raisons est l'influence des poètes maudits (haschich et opium), et le credo rimbaldien concernant le dérèglement de tous les sens, trop souvent réduit à une prise de substances. D'autre part, l'époque, à partir des années 60, s'y prêtait. La drogue et l'alcool faisaient partie de la persona du rocker (enfin de ceux qui y survivaient). Il semble que les choses évoluent. Les groupes qui ont été interviewé au festival Novosonic ne consomment pas de drogues. "on n'a pas besoin de se droguer pour faire de la musique" a déclaré Archwoodman. En outre, il est intéressant de voir que ces jeunes rockers sont insérés dans la société : salariés, étudiants, voire enseignants à l'université (comme le guitariste de jack the Ripper). Fin de la révolte rock ? ou simplement de l'autodestruction ? changement d'une époque en tous cas où il est de plus en plus difficile de survivre en tant qu'artiste, en particulier dans la musique (l'industrie du disque est en panne).
Parallèlement, il semble que la littérature ne soit plus une source clé de leur écriture, les textes n'étant guère travaillés. Fin de l'histoire d'amour entre le rock et la littérature ?
Espérons que non, nous comptons sur vous !
Voilà, Merci à tous pour votre participation.
Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, a rendu hommage dimanche soir à Lou Reed, "esthète contestataire". "Avec Lou Reed disparaît une icône du rock, a-t-elle écrit dans un communiqué. Son œuvre, plongeant ses racines dans la poésie et la littérature de la Beat Generation, s'affirme comme le parcours initiatique d'un dandy pour qui le rock'n'roll est l'égal de la littérature, de la peinture et du cinéma".
